2020 : LE NOUVEL HISTORIAL CHARLES DE GAULLE
Le musée de l’Armée organise cette année un cycle de
commémorations autour du 80e anniversaire de l’Appel du
18 juin, ainsi que du 130e anniversaire de la naissance et du
50e anniversaire de la mort du général de Gaulle.
Ces anniversaires sont, sans nul doute, les toutes dernières
commémorations d’ampleur nationale sur la Seconde Guerre
mondiale se déroulant en présence de ses témoins.
C’est dans ce contexte que l’historial Charles de Gaulle a fait
l’objet d’un vaste chantier de rénovation, afin de le conforter
dans son statut originel de dispositif muséographique
d’avant-garde. Privilégiant l’immersion dans l’image et le son,
l’Historial s’affirme comme un laboratoire où s’inventent et
s’expérimentent les formes muséales de demain, et ce, au
bénéfice de tous les parcours muséographiques du Musée.
Une rénovation sur mesure
Après onze années d’ouverture au public (2008-2019), il fallait
redonner son éclat à ce lieu dédié au fondateur de la France
Libre et de l’Ordre de la Libération, premier président de la
Ve République, mais aussi améliorer le confort du visiteur, son
expérience de visite et proposer une refonte des dispositifs
multimédias.
Installation d’une œuvre majeure dès l’entrée
Le visiteur est désormais accueilli par le mobile à la Croix de Lorraine
dit France Forever, œuvre de résistance de l’artiste américain Alexander
Calder, reconnue d’intérêt patrimonial majeur par le ministère de
la Culture en 2019. L’œuvre a été acquise par le musée de l’Armée
en 2020, grâce au mécénat exceptionnel du CIC, grand partenaire
du Musée depuis 2003.
Un nouvel espace d’expositions temporaires
Le couloir d’entrée offre un nouvel espace d’expositions temporaires,
grâce à des panneaux modulables. Le Musée pourra ainsi éditorialiser
cet espace, notamment au regard de l’actualité commémorative.
Un parcours redéfini et un contenu scientifique enrichi
Quatre sections se succèdent pour retracer l’itinéraire de
Charles de Gaulle et plonger le visiteur dans l’Histoire du XXe
siècle : Jeunesse et guerres (1890-1943); La Libération (1944-1946);
La traversée du désert (1947-1958); La Ve République (1958-1970).
Seul espace évoquant aujourd’hui la Guerre Froide au sein du
parcours permanant du Musée, avant sa future extension prévue
à l’horizon 2025-2030, l’Historial propose désormais un contenu
enrichi grâce à une carte animée présentant les acteurs et les lieux
de conflits de cette période.
De nouvelles interviews d’historiens ont été intégrées dans le
parcours et viennent compléter les propos de Serge Berstein,
Benjamin Stora et Guillaume Piketty.
En miroir de la mosaïque de portraits du général de Gaulle, avec
80 portraits pour 80 années de vie, sera présentée une évocation
de son aura, à travers notamment la culture populaire
(la bande dessinée, le cinéma, la presse, la caricature…).
Des dispositifs technologiques modernisés
Tout le matériel technique, comprenant vidéoprojecteurs, écrans
et éclairage, a été remplacé ou adapté aux technologies les plus
récentes.
L’ergonomie des dispositifs interactifs a été simplifiée grâce à une
refonte des interfaces et des équipements multimédias.
Le système d’audioguide à détection infrarouge (le Compagnon
de visite) est désormais équipé d’une nouvelle version plus performante.
Sa prise en main et le confort d’écoute sont améliorés.
Enfin, des séquences multimédias dédiées au jeune public ont été
intégrées au parcours.
Au total, 14 nouveaux dispositifs multimédias ont ainsi vu le jour.
Un confort de visite amélioré
Le confort et l’ergonomie de visite ont été repensés dès la banque
d’accueil. Devenue plus attractive et confortable, elle est désormais
placée au plus près de l’entrée du parcours. Elle permet ainsi de
remettre gratuitement à chaque visiteur le Compagnon de visite,
système d’audioguide nécessaire à sa visite.
Des assises sont déployées dans la scénographie, installées devant
les dispositifs multimédias les plus longs pour que le visiteur puisse
s’asseoir pendant l’écoute et le visionnage.
Un écran placé sur le seuil de la salle de cinéma annonce le film
biographique et le temps avant la prochaine séance.
Un travail de traduction conséquent permet de rendre accessible
l’ensemble des contenus aux anglophones.
Chiffres clés
-200000 visiteurs par an
-2 800 m2 dont 1 500 m2
d’exposition
-1 salle de projection de
-200 places avec 5 écrans
formant un dispositif
visuel de 60 m2
-400 documents
-20h de contenus audio
-14 nouveaux dispositifs
multimédias
-1 parcours de visite moyen
de 45mn
-2 dispositifs dédiés
au jeune public
RETOUR SUR UNE PROUESSE ARCHITECTURALE ET TECHNIQUE
Le 9 novembre 2004, jour anniversaire de la mort du général
de Gaulle, le Président de la République Jacques Chirac annonce
la création, au sein du musée de l’Armée aux Invalides,
d’un Historial dédié à Charles de Gaulle. Conçu comme une
déambulation dans une bibliothèque interactive par l’agence
d’architectes et scénographes Moatti-Rivière, l’installation de
l’Historial au sein de l’Hôtel national des Invalides était une
gageure. Site classé au titre des Monuments historiques, la
seule solution était de créer l’espace sous terre :
c’est ainsi que la cour de la Valeur, à l’est de la grande cour d’honneur,
a été creusée sur toute sa surface et sur 12 mètres de profondeur.
L’Historial est inauguré le 22 février 2008 par le Président de la République Nicolas Sarkozy, après trois ans de travaux réalisés par le Musée, maître d’ouvrage et la Fondation Charles de Gaulle, initiatrice du projet, maître d’ouvrage délégué et productrice du parcours audiovisuel et multimédia.
Révéler l’absence
La quasi-absence de collections gaulliennes, au sein du musée
de l’Armée et plus largement en mains publiques et privées en
raison de la volonté même du Général, a conduit à la réalisation
d’un équipement culturel sans aucun objet original, entièrement
conçu à partir du « matériau gaullien » par excellence, l’image
sous toutes ses formes, tant audiovisuelle que photographique,
complétée et enrichie de regards d’historiens.
Les dates clés
9 novembre 2004
Annonce de la création
de l’Historial aux Invalides,
par le Président de
la République Jacques Chirac
9 novembre 2005
Début du chantier
22 février 2008
Inauguration par le Président
de la République Nicolas Sarkozy
23 février 2008
Ouverture au public
23 février 2018
L’Historial fête ses 10 ans
2 janvier 2020
L’Historial ferme pour quelques
mois de travaux de rénovation
10 novembre 2020
Réouverture de l’Historial
Un concept
novateur en 2008
Dans cet espace interactif et immersif de 2 800 m2, dont 1 500 m2
de surface d’exposition, le visiteur organise son parcours à son
propre rythme, au moyen d’un casque audio à détection infrarouge
(le Compagnon de visite). Les commentaires audio se déclenchent
automatiquement à l’approche de chaque section. Le visiteur a ainsi
accès à 400 documents audiovisuels et 20 heures de contenus audio.
En 2008, le parcours était composé de trois espaces structurants
avec un film biographique, une allée centrale dite « la Marche du
siècle » et des alcôves thématiques, donnant ainsi à ses visiteurs
une totale liberté de parcours, guidée par leurs centres d’intérêts.
Au cœur de cet espace, un film biographique d’une durée de
25 minutes, accessible en 8 langues et en audio-description française
offre aux visiteurs une introduction au parcours avec les dates clés
de la geste gaullienne. Le film d’Olivier Brunet, sur une musique de
Bruno Coulais, avec les commentaires écrits par Maurice Druon
et la voix de Francis Huster, rend hommage aux 30 dernières
minutes du Napoléon d’Abel Gance.
Un succès public et une source d’inspiration internationale
Ni musée ni mémorial, l’Historial s’apparente à un « centre
d’interprétation », notion qu’il a d’ailleurs largement contribué
à diffuser.
Depuis 2008, près de 1,2 million de personnes ont visité cet espace
muséographique atypique. Il est également une source d’inspiration
pour des projets muséaux modernes, aussi bien à l’échelle française
qu’internationale. Depuis son ouverture, des dizaines d’assistants
à maîtrise d’ouvrage, chefs de projet et directions de musées sont
venus pour découvrir les coulisses du tout multimédia. Certaines
délégations étaient mues par des projets de modernisation de
leurs institutions comme le musée de la Gendarmerie nationale
de Melun ou le War Memorial Museum en Nouvelle-Zélande,
d’autres par des projets de création de nouveaux espaces: le
musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM)
à Marseille (2013), le musée des Confluences à Lyon (2014), ou
encore la Cité du Vin à Bordeaux (2016).
Enfin l’Historial a accueilli des équipes pour des projets encore plus
ambitieux comme le New International Spy Museum de Washington
(2019) et le Grand musée égyptien de Gizeh (GEM) qui ouvrira ses
portes en 2021
FRANCE FOREVER UNE ACQUISITION EXCEPTIONNELLE
Dans un espace repensé et rénové, les visiteurs de l’Historial
sont accueillis par le mobile France Forever, une œuvre de
résistance d’Alexander Calder, acquise en 2020 par le musée
de l’Armée grâce au mécénat de son grand partenaire le CIC.
Le mobile à la Croix de Lorraine dit France Forever, réalisé par
le sculpteur américain Alexander Calder à l’automne 1942, a été
reconnu œuvre d’intérêt patrimonial majeur en juin 2019. Cette
oeuvre porte le nom du groupe de soutien à la Résistance française
fondé en septembre 1940 aux États-Unis. Il s’agit d’un grand mobile
qui associe, sous forme d’ailettes, les trois couleurs du drapeau
français articulées à une Croix de Lorraine d’un jaune solaire,
symbole de liberté et de résistance, surplombant des nuées noires
acérées représentant les totalitarismes. Réalisée quelques mois
après l’entrée en guerre des États-Unis, cette œuvre témoigne de
l’engagement d’un très grand artiste américain, épris de liberté
et amoureux de la France. Par sa structure, elle constitue une
métaphore de la mise en mouvement de toutes les énergies
susceptibles de contrer le nazisme, autour de la Croix de Lorraine,
pour libérer la France et y rétablir la République et ses valeurs.
Conservé en mains privées depuis son acquisition par Jean Davidson,
correspondant de l’AFP à Washington en 1944, le mobile
France Forever d’Alexander Calder a été acquis avec le parrainage de Daniel Cordier, résistant et Compagnon de la Libération, auprès d’une
galerie française qui le tenait du représentant des héritiers.
Cette acquisition témoigne de l’engagement d’un artiste en temps de guerre et dispense donc toute sa force à l’entrée de l’historial Charles de Gaulle
entièrement réaménagé. Il préfigure la place que le musée de l’Armée réservera au rôle joué par les artistes et les intellectuels en temps de guerre dans la perspective de l’extension de son parcours permanent et de son ouverture à l’art moderne et contemporain.
Alexander Calder, un artiste majeur et engagé du XXe siècle
Dès l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941, Calder
n’a de cesse d’encourager et de prendre part aux activités de France
Forever, un groupe de soutien à la Résistance française qui refuse
d’accepter l’armistice de juin 1940 et qui prend fait et cause pour
la « France Combattante » et pour le général de Gaulle. Ce cercle
de Français exilés aux États-Unis devient en 1942 le foyer principal
de la propagande de la France Libre Outre-Atlantique et le fer de
lance d’un effort financier et moral de longue haleine pour faire
reconnaître la France Libre comme alliée à part entière. C’est à
l’automne 1942 que Calder est sollicité par son ami Paul Nelson,
membre du comité exécutif de France Forever afin de participer à
une exposition documentaire et artistique de soutien au mouvement.
L’artiste crée pour cette occasion un mobile surmonté d’une Croix
de Lorraine. Le produit de la vente est reversé aux fonds de soutien
aux combattants de la France Libre.