-Extraits de quelques phrases qui « tuent » dans le monde économique-
En amont de la célébration du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, l’Association Femmes Cheffes d’Entreprises FCE France, qui incite à la prise de responsabilités des femmes dans le monde économique, s’est penchée quelques instants sur les phrases qui « tuent » dans le monde économique ainsi que sur les leviers pour débusquer les traits du sexisme…
Eva ESCANDON entourée de Pierre GATTAZ – Crédit Photo Hamilton/Agence Rea
A partir d’histoires vécues par des Femmes Cheffes d’Entreprises, dirigeantes de leur Entreprise, voici ci-après quelques extraits, accompagnés de quelques pistes pour conforter la légitimité de la prise de responsabilité des femmes au sein des instances économiques et notamment la prise de mandats… Car rappelons-le, les mandats reflètent le paysage économique de la société ! Les femmes représentent 45 % de la population active et 30 % des créateurs et des Chefs d’entreprises….Et pourtant seulement 10 à 15 % de femmes détiennent aujourd’hui en France des mandats économiques. Le combat de FCE France, mené depuis plus de 70 ans, est loin d’être terminé…
*Les élections à la Chambre de Commerce et d’industrie auront lieu fin 2016, avec un enjeu stratégique de parité de tout premier plan.
Les phrases qui « tuent »
– « Les femmes ne sont pas disponibles, elles doivent garder les enfants ! »
– « Les ménagères de plus de 50 ans, vous savez de quoi je parle, n’est-ce pas… ? »
– « C’est vous, Madame, qui avez rendez-vous avec notre Président ? » (imaginant que le collaborateur à ses côtés était le Dirigeant de l’Entreprise)…
– « Vous vous sentez capable d’assumer cette tâche… ? » « Qu’en pense votre conjoint? » Ce sont là des questions qui n’auraient jamais été posées à un homme...
– « Il nous faut recruter des compétences »… Faut-il justifier le refus de recruter des femmes par exemple… ?
– Un couple de patrons visite ses clients en Asie. Monsieur est Président, Madame est DG et ils sont propriétaires de leur société. Le commercial d’un groupe international important remercie le Président :
« Merci pour votre visite ; très heureux d’avoir fait connaissance de votre charmante épouse ! »
-« Ils ont recruté une super commerciale, elle est très jolie ! »
-« J’ai tenté de promouvoir des femmes au maximum, bien que nos dossiers soient très techniques »
– Une femme approchée par les conseillers du commerce extérieur pour adhérer : « Nous avons bien un homme mais ils veulent absolument une femme, alors nous te sollicitons… »
-« La Légion d’honneur, pour une femme, aujourd’hui, … On peut l’avoir facile….. »
Décryptage : La discrimination ou l’inégalité des salaires
L’inégalité homme-femme est encore trop souvent présente en France, notamment avec les écarts de salaires de l’ordre de 20 % en moyenne (tous profils confondus), que ce soit dans les postes à responsabilités, dans la fonction publique ou à la tête des entreprises. « Au-delà de cette inégalité salariale, il y a aussi le signe qui rejette, la parole qui exclut, le sourire qui infantilise, le dos qui se tourne ou le haussement des épaules dès lors qu’une femme, dans des lieux de pouvoir ou dans certains groupes à majorité masculine, s’exprime sur le sujet, car c’est un sous sujet voire un non sujet » déclare Eva ESCANDON, Présidente de FCE France.
Infantilisation – déstabilisation – exclusion : Les micro-attaques
Certains signes sont manifestes : Le regard qui glisse sans reconnaissance du travail accompli, l’usage d’un ordinateur en réunion qui peut positionner une femme parmi les exécutants… le président d’un conseil d’administration qui demande à l’une des femmes présentes de lui retrouver un dossier… l’interruption discourtoise lors de l’intervention d’une femme en cours de réunion – le Président de séance prétextant le manque de temps pour traiter la question ; les remarques ironiques ou trop appuyées sur la tenue vestimentaire, la coiffure ou le maquillage….
Promotion
« Très souvent, la promotion d’une femme est vécue par les hommes comme un sentiment de dépossession… » poursuit Eva ESCANDON. Une femme Cheffe se perçoit alors comme « l’intruse », quand on ne se demande pas comment elle a réussi à obtenir ce poste. Cette rareté de femmes aux postes de pouvoir induit un rapport de forces inégal entre les hommes et les femmes. Les jeux de pouvoir, liés à la parole sont sans doute les plus faciles à discerner, les autres sont plus sournois.
Comment combattre ces stéréotypes ?
Pas question pour les femmes de se positionner comme victimes ! L’enjeu est bel et bien de devenir actrices de leur propre destin et de se positionner aux côtés des hommes comme leurs égales. « Il est indispensable que les femmes prennent conscience du rôle qu’elles peuvent jouer au sein des instances économiques et qu’elles veillent à dépoussiérer la tête des représentations toxiques. Ces croyances les poussent bien trop souvent à se « SURINVESTIR » pour compenser le manque de reconnaissance dont elles souffrent.
OCCUPER LA PLACE et OCCUPER L’ESPACE
AVOIR CONFIANCE EN SOI, SE FRAYER UNE PLACE OSER DERANGER, RESEAUTER SANS MODERATION ….
En conclusion, « La parité : c’est un faux problème ; chez les jeunes ce n’est plus un sujet » mais attention l’enjeu se situe bien dans la prise de responsabilité et dans les places de pouvoirs encore largement détenues par les hommes » commente Eva ESCANDON. La multiplicité des réseaux qui se sont étendus ces dernières années en France démontre la prise de conscience des femmes et le besoin de se retrouver en réseau et d’être plus solidaires pour faire avancer plus rapidement les choses. Le Réseau Femmes Cheffes d’Entreprises, national et international de plus de 70 ans d’existence, en est un des illustres exemples, avec pour adage « seules nous sommes invisibles , ensemble, nous sommes invincibles »…
NOTA : Source INSEE et CCI.
Sur les 400 plus grands groupes Français, 3 % de femmes sont Présidentes. 34 % de femmes sont présentes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC 40, mais encore que 17 % dans les autres. 13 % de femmes occupent des postes à haute responsabilité dans l’administration. 14 % de femmes sont élues dans les Chambres de Commerce et d’Industrie. 6 seulement sont Présidentes sur 152 chambres.
À propos de FCE France
RAPPEL : FCE France est une association interprofessionnelle, décentralisée et apolitique, qui regroupe plus de 2 000 femmes cheffes d’entreprises en France. Elle a célébré ses 70 ans d’existence le 9 octobre dernier. Développer la représentation économique des femmes est la mission principale de l’association depuis sa création en 1945. Reconnue aujourd’hui comme le 1er Réseau d’Entrepreneuriat Féminin pour la prise de mandats auprès des acteurs institutionnels incontournables, FCE France poursuit l’objectif de 30% minimum de mandats féminins dans les institutions économiques.
Chiffres clefs : 2 000 adhérentes en France – 42 délégations départementales – 70 pays où l’association FCE Monde est présente 100 000 chefs d’entreprises dans le Monde