Tim Burton, Président du Jury du 63e Festival de Cannes
Le nom de Tim Burton n’est aujourd’hui inconnu pour personne, en effet le cinéaste s’impose depuis 25 ans sur la scène cinématographique internationale. Son univers très particulier qui allie le fantastique au poétique et à l’onirisme plaît beaucoup et pour cause : il est l’un des rares réalisateurs américains à conjuguer succès commercial et éloges critiques.
Cet amateur d’extra-terrestres et de phénomènes paranormaux en tout genre commence sa carrière au cinéma dans les prestigieux studios Disney dès la fin des années 70. Son style très décalé ne plaît pourtant pas à la compagnie qui juge ses travaux trop noirs et trop en marge des films de leur label. C’est cependant durant cette période que le style « burtonnien » est en train de se définir avec des œuvres aussi personnelles que le film d’animation Vincent ou Frankenweenie, son premier court-métrage de fiction qui mélange le récit de Frankenstein à un univers plus contemporain.
Mais c’est réellement avec la sortie de Pee-Wee Big Adventures, une sorte de fable qui narre l’histoire d’un enfant dans le corps d’un homme que Burton se fait connaître du grand public. Il revient ensuite à ses premières amours avec la création du personnage de Beetlejuice issu directement de son imagination et qui se présente comme une parodie de L’Exorciste. Le film fut un succès et marque la première collaboration entre l’acteur Michael Keaton et le cinéaste. L’année suivante, Keaton endossera le costume du justicier masqué crée par Bob Kane, Batman dans les deux premiers opus de la saga. Mais Burton, fidèle à lui-même décide de s’approprier le personnage et le renouvelle en changeant quelques une de ses caractéristiques. Malgré les protestations des fans du héros de Gotham City, les films furent des succès et considérés par beaucoup comme les meilleurs da la série.
Une autre rencontre marquera la carrière du cinéaste, celle qu’il fera avec l’acteur Johnny Depp avec qui il tournera par cinq fois en lui offrant des rôles aussi variés que « l’homme-ciseaux » dans Edward aux mains d’argent, le réalisateur maudit Ed Wood dans le film éponyme, l’enquêteur gothique de Sleepy Hollow, le Willy Wonka de Charlie et la Chocolaterie et plus récemment un barbier assoiffé de vengeance dans la comédie musicale Sweeney Todd. Très fidèle à certains de ses interprètes, Burton fera également beaucoup tourner sa femme Helena Bonham Carter (membre du jury du Festival de Cannes 2006) mais s’offrira aussi les services de grandes stars hollywoodiennes telles que Jack Nicholson (Batman ; Big Fish), Ewan Mc Gregor et Albert Finney (Big Fish), Christopher Walken (Batman, le défi), Christopher Lee (Sleepy Hollow ; Charlie et la Chocolaterie ; Les Noces Funèbres ; Alice au pays des Merveilles) en passant par l’actrice française nouvellement oscarisée, Marion Cotillard (Big Fish).
Endossant plusieurs casquettes, il est aussi scénariste de certains de ses films et producteurs de long-métrages d’animation tels que L’Etrange Noël de Monsieur Jack, Numéro 9 mais aussi du troisième volet des aventures de Batman réalisé par Joel Schumacher. En 2009 il va relever le pari du film en relief et mettra en scène le conte de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles (sortie en avril 2010) dans lequel il retrouvera ses deux acteurs fétiches.
Sa nomination à la tête du jury du Festival de Cannes 2010 ne fera qu’ajouter une flèche de plus à son arc. Par ailleurs, ce choix est sans doute judicieux dans la mesure où Tim Burton, cinéaste à mon sens, très éclectique, représentera à merveille un festival où toutes les cinématographies sont présentes et toutes les formes d’expression artistique, possibles.
Natacha GAUTHEY