Objectif : évaluer si la radioembolisation avec des microsphères de résine chargées d’yttrium-90 permet d’augmenter la survie globale, par rapport au traitement de référence (sorafenib), chez des patients atteints d’un cancer du foie (carcinome hépatocellulaire).

Le CHU de Nice participe au recrutement des 400 patients inclus sur tout le territoire français.

Le CHU de Nice participe à l’étude SARAH comparant l’efficacité de la radioembolisation avec des microsphères de résine chargées d’yttrium-90 (SIR-Spheres® microspheres; Sirtex Medical Limited, Australie) au traitement standard par chimiothérapie systémique, chez des patients atteints d’un cancer du foie (carcinome hépatocellulaire) avec le sorafenib (Nexavar®, Bayer HealthCare Pharmaceuticals, Allemagne). Le Docteur Mahamat du Service de Cancérologie Digestive et d’Hépato -Gastroentérologie, le Professeur Chevallier du Service de Radiologie et le Docteur Razzouk du Service de Médecine Nucléaire, investigateurs principaux pour le CHU de Nice, ont annoncé le recrutement des premiers patients depuis le lancement de l’étude dans leur établissement en février 2012.

Quelques rappels sur le carcinome hépatocellulaire

Le carcinome hépatocellulaire est l’un des 10 cancers les plus fréquents au monde. Avec près de 750 000 cas diagnostiqués chaque année, c’est la 3e cause de mortalité par cancer. On l’observe chez des personnes dont le foie est gravement atteint ou cirrhotique, à la suite d’affections telles que l’hépatite ou l’alcoolisme. Il est plus fréquent dans les régions où la prévalence de l’hépatite virale B et C est plus élevée, comme la région Asie-Pacifique et l’Europe du Sud.

Le cancer hépatocellulaire peut être guéri par la chirurgie…

·soit par la résection – on enlève les parties malades du foie ;

·soit par transplantation du foie d’un donneur sain.

Cependant, ces interventions chirurgicales ne sont pas applicables à la grande majorité des patients, dont la survie est alors comprise entre quelques mois et 2 ou 3 ans, en fonction essentiellement de l’état du foie au moment du diagnostic et de l’étendue de l’envahissement tumoral.

Quels sont les critères d’inclusion des patients dans l’étude SARAH ?

SARAH (SorAfenib versus Radioembolization in Advanced Hepatocellular carcinoma) est un essai de Phase III prospectif, multicentrique, contrôlé, randomisé, ouvert, lancé par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris en décembre 2011 qui doit inclure en France 400 patients atteints d’un carcinome hépatocellulaire (CHC) :

·avec ou sans envahissement de la veine porte,

· sans métastases extra hépatiques,

· non éligibles à

la résection chirurgicale,

la transplantation hépatique

ou l’ablation par radiofréquence

ou bien en récidive ou progression de carcinome hépatocellulaire après multiples traitements.

Les objectifs de l’étude SARAH

Au vu des résultats encourageants en termes de survie des patients, cette étude promue par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris a été lancée afin d’évaluer si la radioembolisation avec des microsphères de résine chargées d’yttrium-90 permet d’augmenter la survie globale, par rapport à la chimiothérapie au sorafenib, chez des patients atteints de CHC.

La radioembolisation ou radiothérapie interne sélective (SIRT), est une thérapie innovante des cancers hépatiques inopérables permettant de délivrer de très fortes doses de radiation directement aux tumeurs. C’est un traitement peu invasif, consistant en l’injection de millions de microsphères SIR-Spheres radioactives (diamètre compris entre 20 et 60 microns) dans les artères hépatiques via un cathéter afin de cibler directement la/les tumeur(s) avec une dose d’irradiation interne jusqu’à 40 fois plus importante qu’avec une radiothérapie conventionnelle, tout en épargnant les tissus sains.

Le Sorafenib, auquel la radioembolisation est comparée, est aujourd’hui le traitement de référence des CHC avancés avec une augmentation de la médiane de la durée de survie globale (de 8 à 11 mois dans l’essai SHARP par rapport au traitement placebo) mais avec une toxicité élevée (80 % d’effets indésirables dans SHARP).

L’évaluation d’une thérapie innovante : la radioembolisation

Les microsphères SIR-Spheres ont été choisies pour cet essai collaboratif promu par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. En effet, le nombre important d’études non comparatives et les résultats de l’analyse multicentrique européenne de survie et de tolérance à long terme de la radioembolisation utilisant les microsphères SIR-Spheres chez des patients atteints de CHC inopérables, ont montré l’intérêt de la radioembolisation.

L’utilisation des microsphères SIR-Spheres pour traiter les tumeurs hépatiques non résécables – c’est-à-dire celles que l’on ne peut enlever par la chirurgie – est approuvée en Australie, dans l’Union Européenne (marquage CE), en Nouvelle-Zélande, en Suisse, en Turquie et dans plusieurs autres pays (Inde, Corée, Singapour, Hong Kong…). Les microsphères SIR-Spheres sont indiquées aux Etats-Unis pour le traitement des tumeurs hépatiques métastatiques non résécables liées à un cancer colorectal primitif en association avec une chimiothérapie intra-artérielle hépatique avec la floxuridine.

Cette étude est coordonnée par le Professeur Valérie Vilgrain du Service de Radiologie, Hôpital Beaujon, Assistance Publique -Hôpitaux de Paris, Clichy et Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, France qui souligne que «cet essai est basé sur l’hypothèse que la radioembolisation avec des microsphères de résine chargées d’yttrium-90 peut augmenter le délai médian de survie globale avec moins d’effets secondaires et/ou une qualité de vie améliorée par rapport au sorafenib. Nous espérons que les résultats de cette étude représenteront une avancée dans la prise en charge de ces patients ayant peu d’options thérapeutiques».

A terme, une vingtaine de centres de traitement du cancer du foie, situés dans toute la France participeront à l’étude SARAH.

www.chu-nice.fr