A l’occasion de la journée mondiale de l’Asthme qui aura lieu le 4 mai 2011, le docteur Francine Ducharme du Département de pédiatrie de l’Université de Montréal, spécialiste de l’asthme chez l’enfant et qui a mené plusieurs études* sur l’asthme dont l’une par exemple démontre que le recours aux médecines parallèles dans le cas de l’asthme chez l’enfant, ralenti l’apprentissage de la gestion de sa maladie ou une autre étude qui prouve qu’un plan d’action écrit pour le traitement de l’asthme, joint à la prescription d’un médicament, améliore le contrôle de l’asthme chez les enfants, se tient à votre disposition pour répondre à vos questions sur le sujet de l’asthme, son évolution à travers le monde, son traitement et les récentes découvertes à ce sujet.
Les mots écrits permettent un meilleur contrôle de l’asthme
Selon une étude menée par l’Université de Montréal, un plan d’action écrit pour le traitement de l’asthme, joint à la prescription d’un médicament, améliore le contrôle de l’asthme chez les enfants
Avril 2011 – « Les visites pour des soins actifs contre l’asthme indiquent souvent un échec du traitement préventif », affirme la docteure Francine Ducharme, du Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. « Cette étude démontre que dans un département d’urgence où l’on dispose de peu de temps pour faire l’éducation du patient, le fait de fournir un plan d’action écrit augmente de façon significative le respect envers les médicaments prescrits à inhaler et à prendre oralement, et envers les recommandations des médecins.
Pour le médecin, s’assurer que les patients respectent leur médication constitue un défi de taille. Ainsi, 65 pour cent des enfants n’utilisent pas leur médicament de contrôle efficacement et les statistiques indiquent que la situation ne s’améliore habituellement pas après une visite en salle d’urgence pour une crise d’asthme. Un avantage supplémentaire réside dans la rédaction du plan d’action ; elle aide les urgentologues à prescrire de manière appropriée, conformément aux lignes directrices nationales concernant l’asthme. « Compte tenu de son avantage considérable et de son coût peu élevé, je recommande qu’on remette un plan d’action au moment de donner son congé au patient après une visite à l’urgence ou lors de l’admission à l’hôpital, ainsi qu’après chaque visite préventive, en lien avec l’asthme », a déclaré la docteure Ducharme.
L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) du Québec offre des plans d’action écrits. Ils présentent trois caractéristiques particulières : ils offrent un modèle structuré pour le traitement médicamenteux et non-médicamenteux de l’asthme à court terme et à long terme; ils sont assortis de messages essentiels sur la santé; et ils sont accompagnés d’un outil permettant l’auto-évaluation de l’asthme. Par ailleurs, leur présentation en trois copies permet au patient, au pharmacien et au médecin d’en conserver un exemplaire. « L’objectif est de faciliter la préparation du plan pour le médecin et d’encourager le pharmacien à le renforcer. Nous rapprochons le médecin qui effectue la prescription du pharmacien et du patient », a expliqué Francine Ducharme. Il existe deux sortes de formulaire : l’un est spécialement conçu pour y consigner les instructions au moment du congé suite à une visite à l’urgence ou une hospitalisation pour une crise d’asthme , et l’autre pour les instructions suivant une visite de routine en lien avec l’asthme.
Les découvertes de cette étude s’appliquent essentiellement aux enfants d’âge préscolaire, soit les trois quarts des 219 enfants participants. « Il reste à déterminer si nous pouvons extrapoler les résultats aux enfants plus âgés ou aux adultes dans d’autres environnements, d’autres spécialités et d’autres conditions médicales », a fait remarquer la docteure Ducharme. « Néanmoins, les sujets présentaient des similitudes avec les populations plus âgées en ce qu’ils faisaient piètre usage de leur médicament de contrôle quotidien, qu’ils avaient rarement reçu un plan d’action antérieur et que peu d’entre eux avaient reçu une formation sur l’asthme. »
L’étude était financée par une subvention de recherche du Fonds de la recherche en santé du Québec et du Fonds de partenariat sur l’utilisation optimale des médicaments, par le Conseil du médicament (aujourd’hui l’INESSS) et par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Ses résultats ont été publiés le 15 janvier 2011 dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.
Les médecines non conventionnelles ne permettent pas aux enfants de maîtriser leur asthme
Selon une étude menée par l’Université de Montréal, les enfants qui bénéficient de thérapies parallèles ou complémentaires sont deux fois plus susceptibles que les autres de présenter un asthme mal contrôlé
Décembre 2010 – Les enfants asthmatiques qui, en remplacement ou en complément de leur médication, sont soumis à des médecines douces ou médecines non conventionnelles pour traiter leur asthme maîtrisent moins bien leur maladie que les enfants qui ne sont pas soumis à ces médecines parallèles. C’est l’une des principales conclusions qui ressort d’une étude dirigée par la Docteure Francine Ducharme, professeure au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. L’étude portait sur plus de 2000 enfants atteints d’asthme à différents niveaux de gravité et dont l’âge moyen était de six ans.
« Des études antérieures ont montré que près de 60 % des parents croient que les médecines parallèles et complémentaires peuvent être utiles dans le traitement de l’asthme », explique Francine Ducharme. « Pourtant, des études bien conçues n’ont pas permis de démontrer que les thérapies comme l’acupuncture, l’homéopathie, la médecine chiropratique ou la phytothérapie, sont efficaces dans le traitement de l’asthme. Les parents n’ont peut-être pas conscience des risques qui leur sont associés, notamment les réactions indésirables qu’elles peuvent induire, leurs interactions possibles avec les médicaments conventionnels prescrits contre l’asthme, sans compter que le recours à ce type de thérapie retarde l’instauration d’un traitement efficace et son observance. Nos résultats confirment que les enfants qui bénéficient de thérapies parallèles ou complémentaires sont deux fois plus susceptibles que les autres de présenter un asthme mal contrôlé. »
13 % des 2000 enfants étaient soumis à des médecines douces, les principales étant l’acupuncture (11 %), l’homéopathie (18 %) et les suppléments vitaminiques (24 %). Les données montrent que ce sont surtout les enfants d’âge préscolaire, d’origine asiatique (pour l’acupuncture) et souffrant d’asthme épisodique qui sont traités par ces approches.
Asthme mal contrôlé
On pourrait penser que des thérapeutiques telles que l’homéopathie et l’acupuncture ne présentent aucun danger, mais l’étude de Francine Ducharme met au jour une corrélation entre l’ensemble des médecines parallèles et l’asthme mal contrôlé.
«Le diagnostic d’un asthme mal maitrisé repose sur des critères comme la fréquence de l’usage du bronchodilatateur, la présence de symptômes nocturnes, les limitations dans l’exercice physique et l’absentéisme à l’école ou au travail», précise la pédiatre.
Une fois retranché l’effet des diverses causes possibles de ce manque de contrôle sur la maladie, les enfants soumis aux médecines douces apparaissent comme étant deux fois plus nombreux que les autres à moins bien maitriser leur asthme. L’étude ne permet toutefois pas d’établir le sens de la relation, à savoir si le mauvais contrôle découle du recours aux médecines complémentaires ou si les parents y font appel parce que l’asthme est plus difficilement maitrisé.
Pour la chercheuse, il est évident que le remplacement de la médication par des thérapeutiques autres constitue un risque d’aggravation de la maladie, puisque ces méthodes se sont avérées inefficaces. Il existe en outre un risque potentiel d’interactions indésirables entre les suppléments vitaminiques et les médicaments conventionnels. Divers travaux ont en effet montré que les adultes asthmatiques qui consomment de l’ail, de la camomille et du chili étaient de deux à trois fois plus nombreux que les non-consommateurs de ces produits à être hospitalisés pour leur problème d’asthme et que cela pourrait être dû à un défaut d’observance de leur médication.